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Introduction :
Vapoteuses, Vapoteurs, camarades de forums, je suis Dou².
Nouveau venu dans le monde de la E-cigarette il y a maintenant trois semaines (ndm : novembre 2009), j’ai intégré cette communauté il y a quelques jours et l’accueil qui m’a été fait – excellent ! – ainsi que l’ambiance générale qui règne ici m’ont donné envie de sacrifier à une de mes habitudes dés lors que je décide de participer activement à un Forum en vous offrant une petite chronique irrégulière.
J’en ai posé en quelques sortes les bases dans mon message de présentation déjà posté dans la partie idioine du Forum et vu que certains inconscients en ont apprécié le ton burlesque ( ), je me suis dit que je pouvais étendre l’exercice vu que j’aime écrire des conneries et que je suis bien parti pour galérer longtemps avec mon E-cig comme vous allez le constater !
Cette chronique n’a pas une vocation à proprement parler utile pour les nombreux vétérans et habitués de la E-cigarette. Elle n’est écrite que pour faire sourire et devrait vous renvoyer collégialement à vos souvenirs de galère respectifs. A ce titre, et dans la mesure où me concernant on parle ici de mon présent, vous pouvez tout à fait réagir en m’indiquant les meilleurs moyens selon vous de gérer tel ou tel souci que je rencontre, ça ne pourra pas me faire de mal.
En espérant que ça vous fasse sourire, excellente lecture !
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Résumé :
Dou² - quadra marié et père de deux garçons – s’est récemment mis à la E-cigarette suite aux conseils éclairés de son vieux copain Tristan qui le trouvait un peu trop « à cran ». Dou² l’énervé a acheté une EDSy09 chez EDSylver mais en bon scoumouneux qu’il est, il se voit déjà confronté à de très agaçants soucis matériels. En parallèle, il doit gérer les moqueries à peine voilées de Cathy - sa chère et tendre - et la curiosité pas toujours très positive de ses amis ou collègues de travail…
Épisode 1 : l’Ato maudit
Je viens ENFIN de rentrer du boulot. Il est tard, je n’ai pas prévenu ma moitié et je me suis rendu compte dans la voiture que cette fichue E-cigarette ne faisait plus de fumée. Je commence vraiment à me demander si je n’ai pas un karma de ***** aujourd’hui. Quand je passe la porte d’entrée et que je vois ma chérie penchée sur les fourneaux et mes deux mioches survoltés à priori en pilotage automatique qui cavalent partout en braillant, je ne me le demande plus :
- J’avais prévu un truc plus évolué mais comme tu n’as pas téléphoné pour me dire que tu serais à la bourre, ce sera steak haché et pommes de terre sautées, annonce d’entrée ma moitié sans même daigner me lancer un regard, fut il noir.
- Ce sera parfait, ma puce ! que je réponds un poil péteux et sur la défensive vu le ton caustique.
- Tu as donc tout le temps que tu veux pour te mettre en tenue « cool » et idéalement ensuite botter le derrière de nos deux andouilles de fils qui vont me rendre définitivement chèvre…
Bien décidé à m’attirer les bonnes grâces de la jolie agacée, je taloche équitablement le duo de Gremlins gesticulants avant d’aller enfiler une tenue plus adaptée que mon costard pour glander. J’en profite pour faire un saut à l’étage sur mon PC et tente de débusquer sur le Forum Ecigarette les raisons pour laquelle ma seconde clope – j’ai déjà renvoyé la première au SAV EDSylver la semaine dernière – ne fait plus de fumée.
La piste qui se dessine serait un atomiseur encrassé et je consulte donc avec attention les conseils prodigués par les pros pour refaire fonctionner ce bouzin correctement. Quand la trompette en plastique retentit au rez-de-chaussée – signal que le dîner est prêt, vous moquez pas, c’est mieux que de s’égosiller – je dévale les deux étages et pose l’ato sur une étagère de la pièce principale.
Une fois à table, mon ainé Quentin qui se la joue pré-ado depuis qu’il est passé des Pokémons aux cartes Magics, décrète qu’il n’aime plus le steak et je lui rétorque que s’il ne le mange pas, c’est ma main dans le museau qu’il va manger. Son frère Tristan qui ne veut pas être en reste en profite pour renverser deux fois son verre d’eau en tentant de nous prouver ses compétences approximatives en tecktonik. Ma chérie enfin me rappelle qu’on sera chez ma mère ce week-end.
A journée pourrie, soirée pourrie…
Une fois le repas terminé et les gnomes envoyés au lit, je mets cinq bonnes minutes pour retrouver ce couillon d’atomiseur qui a roulé de l’étagère sous un meuble et me lance dans l’aventure « décrassage ». Je sors une bouteille de Gin en espérant que ça peut aussi faire l’affaire vu que je n’ai pas de Vodka.
- Tu bois le soir et en plus du Gin toi maintenant ? demande ma chérie déjà vautrée sur le canapé, les yeux rivés sur un épisode de Docteur House.
- C’est pas pour moi.
- Si c’est destiné à nos fils, ils sont déjà assez niais au naturel sans être en plus bourrés comme des barriques non ?
- Pfff c’est rapport à ma E-cigarette…
- Ah parce que maintenant il faut picoler quand on fume ton gadget ?
- Mais non, c’est parce que une des pièces est encrassée alors je vais la tremper dans de l’alcool.
- Je croyais que tu avais déjà renvoyé les pièces qui ne marchent plus au SAV.
- Ben oui. Mais là c’est ma deuxième clope en fait.
- Attends que je suive bien là… Tu avais acheté ton pack à un tarif scandaleux parce qu’il y avait deux cigarettes complètes et que donc tu ne serais pas ennuyé, c’est bien ça ?
- Heu… ouais.
- Tu ne veux pas attendre le retour SAV avant de flinguer la deuxième ?
- Rhaaa mais je ne vais rien flinguer enfin ! Les gens qui s’y connaissent sur les Forums ont dit que c’était une technique qui marchait !
- Dou²… mon chéri… dois je te rappeler que la dernière fois que tu as voulu faire un truc un tant soit peu manuel, c’était avec l’évier et que le plombier qu’on a du appeler en urgence en rigole encore un an après ?
- Ouais non mais là c’est pas pareil ! Et puis si ça marche pas, j’aurai ma nouvelle commande en fin de semaine.
- Ta nouvelle commande de quoi ?
- Ben de E-cigarette…
- Tu parles du retour SAV ?
- Nan je parle de ma nouvelle cigarette. Un autre modèle. Une KR808D-1.
- 808 ? J’espère pour toi que ça n’est pas le prix !!!
- Meuh nan !
- Donc tu es en train de me dire que non content de flinguer deux cigarettes en trois semaines, tu viens d’en commander une troisième.
- Oui mais moins cher…
- Faut dire que plus cher ce serait une provocation !!!
- Attends tu veux que j’arrête de fumer ou pas ?
- Oui c’est ce que je veux mais j’aimerai aussi que tu nous permettes de garder un peu d’argent sur le compte pour acheter à manger si c’est possible…
Ça fait plus de vingt ans que je pratique la créature. Je sais donc qu’il est préférable en l’état de rabattre de la toile vu qu’elle trouve déjà bien trop souvent l’occasion d’avoir raison quand elle a tort. Alors là… C’est donc lâchement et en silence que je me replie vers le second étage avec mon atomiseur baignant dans son verre de Gin.
En plus d’être une nullité crasse en bricolage, je suis un handicapé de la patience. Tandis que je surfe sur les forums, réponds à mes mails et m’occupe en une multitude de petites tâches inutiles, je ne peux m’empêcher toutes les trente secondes de lancer des regards inquiets sur le godet réparateur. Ça ne bouge pas beaucoup là dedans ! Je sors le truc, je souffle dedans, d’abord par un bout, ensuite par l’autre puis me retrouve avec des morceaux de tresse sur les lèvres et un gout infect dans la bouche, recolle le tout dans le verre et relis les conseils de nettoyage.
Ah mince, Tsange a écrit qu’il faut que ça trempe « plusieurs heures ». Ouais mais bon, Tsange a l’air d’être un mec hyper précautionneux… Dix minutes ça doit être suffisant… Surtout que ce Gin doit dater d’une soirée d’il y a au moins 20 ans donc il est probablement plus fort…
Ça me prend rarement très longtemps pour m’auto-convaincre d’une connerie et cette fois ne fait pas exception : l’Ato trempe depuis à peine trente minutes que je le sors du godet et le colle sur un morceau de PQ vu que je n’ai pas trouvé l’essuie-tout.
Je relis le passage de l’essorage sur le Forum et redescend au rez-de-chaussée en essayant de faire le moins de bruit possible pour ne pas m’attirer les moqueries de ma chérie.
Pas de bol, elle a l’oreille aussi affutée que la langue acérée.
- Ça marche les travaux manuels ?
- Nickel ! Je vais sécher la pièce maintenant.
- Elle a trempé assez longtemps ?
Je la regarde comme si Tsange venait de se réincarner en elle, élude la question et assène avec force conviction :
- Un petit coup d’essoreuse à salade et mon Ato va être comme neuf !
- Si tu colle ton « ato » dans l’essoreuse – et je dis ça outre le coté pour le moins étrange de l’exercice – tu le nettoies ensuite, tu es prévenu !
Nettoyer un truc ?
Moi ?
Fichtre, la donzelle sait comment m’effrayer !!!
Je me rabats donc modestement sur l’option « sèche-cheveux ».
J’envisage au départ de procéder à l’expérience dans le salon mais ma moitié m’annonce d’entrée que si j’envisage de mettre le bouzin pendant « House », elle m’étranglera avec le cordon du séchoir jusqu’à ce que trépas s’ensuive. Digne mais prudent, je colle l’Ato dans un kleenex (je n’ai toujours pas trouvé l’essuie-tout) et remonte dans mon antre ou je le sèche frénétiquement durant dix bonnes minutes.
Sans résultat.
Dépité, je redescends, essuie un nouveau gloussement moqueur que j’ignore superbement lorsque je recolle l’atomiseur dans le verre de Gin et remonte au premier me coller au lit avec le troisième tome de Millénium.
Vers trois heures du mat’, je me réveille en sursaut.
C’est nouveau pour moi qui en écrase habituellement comme une barre en fonte.
Je descends dans la cuisine, sort l’Ato du verre de Gin, le rince sous le robinet et le colle entre deux feuilles de PQ en me demandant qui a pu déplacer ces foutus Kleenex ?
Probablement l’andouille qui a planqué l’essuie-tout…
Je retourne me pieuter en me disant que là, même Tsange considèrera que l’Ato s’est assez baigné. Ma chérie dort comme une bien heureuse donc je la pousse sadiquement pour lui apprendre à ne pas considérer mes problèmes de E-cig avec le respect qu’il se doit.
Ça la fait ronfler et me voilà bon pour en baver des ronds de chapeau pour me rendormir.
Jusqu’au bout ça aura vraiment été une PUTAIN de journée.
Épisode 2 : Tentation
Bon, il y a un moment dans la vie où il faut arrêter de tortiller du fion pour faire caca droit : mon second Ato est mort !
En robe de chambre et la trombine encore tiède du doux contact de l’oreiller, je tiens cette saleté deffectueuse entre le pouce et l’index et la reluque sous toutes les coutures . Je peux bien lui faire du massage de tresse ou de la respiration artificielle par bombe de gaz à sec interposée, les fibres qui composent l'Atomiseur sont raides comme un passe-lacet et plus racornies que le cul d’une hardeuse retraitée. Hormis un voyage à Lourdes à genoux et en short suivi d’une orgie de cierges bestialement sacrifiés, je ne vois pas quel miracle pourrait encore lui faire cracher ne serait-ce qu’un postillon de fumée.
Ah je le retiens le Tsange et sa vodka, tiens !
Non seulement ça ne marche pas mais en plus, ma Moitié va me prendre pour un alcolo ou une andouille. Et avec elle, je me demande bien quelle option est finalement la moins pire…
D’autant qu’avec mon second atomiseur et une batterie sur deux déjà au SAV, je suis A POIL !
Le simple fait de le savoir est déjà une tentation en soit pour que je repique à la Tueuse !!!
Déjà que je n’ai pas mon pareil pour me trouver des excuses moisies, nul doute que dés cette après-midi, l’appel de la nicotine va se la jouer sirène Odysséenne et que le Dou² va se retrouver – l’écume aux lèvres et l’œil torve – devant un buraliste marchand de mort enchanté. Pire, je l’entends d’ici, l’Assassin financé par l’État :
- Oh m’sieur Dou², c’est gentil de nous rendre visite, on croyait qu’il vous était arrivé quelque chose. Deux mois sans nouvelles, on était inquiet…
- Ah ouais ? C’est vrai que j’aurai pu être en train de crever chez les tubards d’un cancer généralisé vu la m*rde en paquet que vous me vendez !!!
- Huhu vous alors, toujours le mot pour rire. Non mais sans blague, qu’est ce qui vous est arrivé ?
- C’était pas censé être amusant et ce qu’il m’est arrivé c’est que j’étais enfin parvenu à décrocher de la saloperie que vous dealez mais que je viens d’être trahi par la technique, foutu vautour !
- Ah tiens, c’est intéressant ça ! Et quel moyen désopilant pour décrocher aviez-vous donc choisi ?
- Qu’est ce que ça peut vous foutre…
- Rhooo mais quelle agressivité ! Dites donc, vous êtes drôlement en manque ; moi je demande juste pour être poli…
- Depuis quand le bourreau est amical avec sa victime ? Filez moi donc un paquet de Lucky et fermez là !
- Je donne les cigarettes si vous me répondez ! Et je jure de ne pas me moquer ! Alors ? C’était quoi ? L’acupuncture ? L’hypnose ?
- DONNEZ MOI MES CLOPES !
- Répondez avant… Pas d’information, pas de cigarettes.
- Pitié…
- Hahaha mais réfléchissez une minute : ferai-je le métier que je fais si j’étais capable de ressentir un sentiment aussi risible ? Répondez maintenant, misérable drogué !
- J’ai essayé la… E-cigarette.
- La E-cigarette ? Mais c’est encore plus nocif que les cigarettes classiques, tout le monde sait ça !!!
- Tout le monde est un con et je l’emmerde !
- L’agressivité idiote n’empêche pas que votre pathétique palliatif contient du PROPYLENE GLYCOL !!!
- Pas forcément ! Et quand bien même, jusqu’à preuve du contraire, ça ne me colle pas du goudron partout dans le buffet et ça ne fait pas ingurgiter un tabac baigné dans l’ammoniac et séché à l’arsenic !
- C’est PIRE je vous dis ! Même la presse le dit !
- Le jour où la presse travaillera ses sujets avant d‘annoncer des conneries, je la croirai !
- C’est aussi l’avis des professionnels de la santé…
- Rien ne plaît plus à ces fumiers que d’avoir des cancéreux à soigner !
-L’État de reconnait pas ces gadgets comme médicalement positifs !!!
- Normal, l’État est trop occupé à compter les biftons qu’il se fait sur vos clients tout en feignant de plaindre les pauvres couillons qui en crèvent ensuite !
- ASSEZ ! ABJURE LA E-CIGARETTE, MECREANT !!!
- NOOOOOOON…
Ouais bon ok, j’ai peut être un petit poil dévissé du chignon et trop dosé le coté dramatique de la conversation mais vous saisissez l’idée hein : je voudrais bien éviter d’avoir à donner ma thune à cette enflure. Surtout que pour ce qui est du « manque », je sais bien qu’il va me tomber sur les endosses comme la vérole sur le bas-clergé et pas plus tard que dans pas longtemps.
Croyez-le où pas mais pendant tout le temps ou je prends mon petit dèj, je ne pense qu’à ça. Au fait que je vais être mal. Que ça va me tordre le bide et m’empêcher de penser à quoi que soit d’autre. Le bon coté à cette situation c’est que je n’entends même pas les âneries proférées par mes fils – ces deux boulets commencent tôt et finissent tard – mais c’est un peu lèj’ comme point positif…
Quand ma chérie encore toute ensommeillée descend faire un bisou à ses trois hommes qui quittent la maison, elle voit bien ma tronche en biais :
- Ah… L’opération « Gin » a foiré ?
- Oui…
- Tiens le coup ! T’es un pénible mais t’es plus fort que cette cochonnerie de clope, ok ?
- Tu… tu crois ?
- Non. Mais je t’appelle si le facteur amène ton gadget en retour de SAV à la boutique, promis !
J’amène les garçons à l’école, j’arrive au boulot en retard à cause d’un gros nase en 4X4 qui téléphonait au volant et a percuté un autre gros nase en 4X4 qui téléphonait au volant, je me tape une réunion inutile en ne pensant qu’à la cigarette et retourne dans mon bureau, déjà tremblant. A peine assis, mon portable se met à vibrer. C’est ma chérie :
- T'as un colis !
- Ma nouvelle E-clope ?
- C'est juste une enveloppe à bulles, je pencherai donc plus pour ton retour SAV.
- L’atomiseur est dedans ?
- C’est quoi l’atomiseur déjà ?
- PEU IMPORTE ! J’ARRIVE !
Le temps de lancer à ma précieuse assistante inquiète que je dois rentrer à la maison de toute urgence mais que je reviens de toute urgence aussi, je descends au parking, monte dans la voiture et fais le trajet jusqu’à la boutique de ma Moitié en moins de temps qu’il n’en faut au trou de la Sécu pour se creuser.
- C’est où ?
- Moi aussi je suis contente de te voir et de rien, ça m’a fait plaisir de t’aider, grogne t-elle en me tendant l’enveloppe à bulle déjà ouverte.
L’atomiseur et la batterie sont à l’intérieur, soigneusement empaquetés. Vu que le SAV a eu la bonne idée de coller une cartouche au cul de l’Ato, je visse le tout, constate après coup que rien ne fonctionne vu que la cartouche est en fait vide, l’Ato sec comme le cœur d’un Notaire et la batterie pas rechargée. Je commence à brailler ce qui a pour effet de motiver ma chérie – visiblement peu encline à m’entendre couiner - à me sortir de sa boutique à coups de latte dans l’oigne en me claquant une bise rapide devant ses clients amusés.
Je retourne au bureau à fond les galetouses, passe en trombe devant mes collègues encore plus inquiets en constatant que ma tronche de déterré s’est aggravée, m’enferme dans mon bureau, dépiaute fébrilement une cartouche de « tabac blond » neuve que j’engage au cul de l’Atomiseur réparé avant de brancher le tout sur la batterie survivante que je gardais précieusement en charge depuis ce matin « au cas où ».
Je tire sur le machin.
Doucement et longtemps.
J’hésite à exhaler le résultat, déglutit, et me lance.
La fumée sort – épaisse et gouteuse.
Je sens la tension qui retombe net d’un coup et je me colle fond de fauteuil en tirant une seconde latte.
Rhaaa purée, c’est quand même génial quand ça marche !
Ce sera d’ailleurs ma leçon du jour : je dois impérativement me donner les moyens de mes ambitions en m’assurant que j’ai toujours du matos en état de fonctionnement.
J’ai pu vérifier en une simple journée que le Démon de la Tueuse était toujours à ma porte, tapi en embuscade, prêt à me tenter, et je suis bien décidé à ne pas lui céder.
Quand je repars le soir, je fais un petit crochet et passe devant le bureau de tabac.
Je m’arrête et attends que le buraliste croise mon regard.
Il sourit et me salue.
je souris aussi et lui fait un bras d’honneur.
Je pense que ce pauvre monsieur se demandera longtemps qui était ce pauvre cinglé et j’en suis désolé pour lui.
Moi, ça m’a fait un bien fou !
Épisode 3 : Ouikène provincial – le voyage
- Volets de la maison ?
- Fermés.
- Sac des gosses ?
- dans le coffre.
- Plein d’essence ?
- Fait !
- Tenue de nuit ?
- Tenue de… Quelle tenue de nuit ? On ne dort plus tout nu ?
- Plus quand on va pas chez ta mère !
- Quel rapport entre le fait que je pionce le derche à l’air et ma mère ?
- Simplement que je sais bien que cette sadique n’aura pas chauffé notre chambre en représailles de la fois ou je lui ai reproché devant ses copines de ne pas avoir fait changer nos fils de slip tous les jours quand elle les avait gardé durant les vacances !
- Purée chérie, c’était l’an dernier…
- Tout à fait. Et elle aura donc patiemment attendu l’hiver et ce froid de gueux pour se venger !
- Franchement qu’est ce qui peut bien te faire penser une chose pareil ?
- Le fait que MOI j’aurai attendu l’hiver pour congeler cette vieille carne !!!
L’argument se tient.
De fait, ma mère et ma femme c’est une peu la même chose qu’une Tueuse et une E-clope : ça peut avoir approximativement la même apparence et globalement la même finalité de cracher de la fumée mais ça ne peut pas cohabiter sereinement très longtemps. Il suffit que nous retournions dans notre province natale juste pour un simple week-end pour que j’en sois pleinement convaincu.
Mais je m’en fiche !
Les deux harpies peuvent bien se crêper le chignon : ma E-cigarette marche nickel depuis le retour SAV et même si je flippe un peu car je joue sans filet – l’Atomiseur Ginisé est reparti ce matin pour réparation… - je fais bien attention à ce que le dernier Ato qu’il me reste soit toujours bien mouillé sans être noyé.
Et puis j’ai des recharges nicotinées.
J’ai mes batteries.
J’ai la PATATE !!!
Nous roulons maintenant depuis une trentaine de minutes et sommes bien entendu bloqués comme des courges sur le périphérique parisien. Étonnant vu qu’il est 19h30 et que nous sommes un samedi soir. A croire que tous ces pénibles vont chez ma mère. Si c’est le cas, une fois qu’on aura entassé tout ce beau monde dans la piaule non chauffée, on va pas se les peler longtemps, c’est toujours ça de gagné !
Le panneau lumineux annonce une porte d’Orléans à 27 minutes alors je sors ma clope de ma poche et me la colle dans le bec :
- Tu fais quoi là ?
- J’ai l’air de faire quoi selon toi ? De la varappe ?
- Tu n’envisages quand même pas d’allumer ton machin dans la voiture ?
- Pas une minute vu que mon « machin » n’a pas besoin de s’allumer !
- Ça va puer !
- Ma E-cig ne pue pas.
- Il y a les enfants !
- Pas de tabagie passive avec ma E-cig !
- Fumer au volant est dangereux !
- On roule à trois kilomètres à l’heure alors arrête un peu de me gonfler le nœud, s’il te plaît ma chérie ! Surtout que ce qui te gêne ça n’est pas que je vapote mais que TU ne puisses pas te griller une Tueuse en même temps !
- Et bien OUI c’est vrai ! Je fais quoi moi ? Je te regarde ?
- Oui voilà, regarde moi. Et j’essaierai de penser à t’acheter du tabac à chiquer pour la prochaine fois si tu veux ! On mettra un sac en plastique dans ton vide-poche pour que tu mollardes sans risque, ok ?
Pendant que ma Cathy boude, je vapote tranquillou. Lorsque le trafic repart, je pose ma clope dans le porte-gobelet central et me concentre sur la route. Quand je m’aperçois quelques minutes plus tard que mon emmerdeuse adorée m’a braqué ma cig et vapote en faux derche, je ne dis rien mais je n’évite malheureusement pas un sourire moqueur qui me vaut un surréaliste :
- C’est dégueulasse ton truc !
- C’est parce que tu tires trop dessus.
- Genre c’est technique…
- Ben quand tu fais siffler la cartouche comme une sirène de paquebot, ça veut bien dire que tu t’y prends comme une brêle, oui.
Elle se renfrogne à nouveau mais ne repose pas la E-clope pour autant. Deux minutes plus tard, elle vapote sans bruit mais en faisant un max de fumée et ça dure jusqu’au péage.
- Je peux ravoir mon « gadget » comme tu dis ?
- Une minute…
- Ah ben une chance que ce soit dégueulasse !
- On s’y fait…
- Ben justement non « on » s’y fait pas ! Enfin TOI non ! Tu m’as brisé les noix comme quoi c’était du flanc, que je repiquerai à la Dure en moins de deux et que je craquais des sous pour une connerie alors tu vas me laisser ma E-cig, traitresse !
- Tu n’es pas très prêteur, Dou²…
- Une E-cig c’est un truc personnel, cocotte. Un peu comme une baguette dans Harry Potter !
- Harry Potter aurait prêté sa baguette à Hermione…
- Peut être mais on s’en fout vu que là c’est la E-clope de Voldemort à qui tu vas d’ailleurs la redonner avant qu’il ne te vapote le museau.
Cathy va pour me balancer un truc probablement sanglant mais les garçons se mettent à faire les singes à l’arrière de la voiture. J’en profite pour brancher la batterie de la e-cig en loucedé sur l’allume-cigare et recolle l’Ato dans ma poche pendant qu’elle les taloche et je déclare narquois :
- Faut la recharger régulièrement…
- C’est pas plutôt juste pour m'embêter ?
- Disons que je ne prendrai pas le risque de te voir adopter ma E-clope sans en avoir une de rechange.
- C’est pas très gentil ça ! Tu devrais être content que j’accroche à ton truc… Si tu m’aimais vraiment, tu me la donnerais !
- Je t’aime vraiment mais là maintenant tout de suite, la seule chose que je veux bien te donner c’est à la limite la grippe mais surement pas ma E-clope !!!
- M’en fiche, puisque c’est ça, je vais m’acheter ma mienne et puis voilà ! Une mieux que la tienne ! Qui fait pleins de buée !!!
- Mais oui, mais oui, ben en attendant, ouvre donc ta vitre et fait de la buée dehors avec ta bouche tiens, ça t’entraînera !
- …
- …
- Je ne veux pas arrêter de fumer.
- Tu fais ce que tu veux, ma chérie.
- …
- …
- Par contre, je suis sûre que je fumerai moins avec ton truc.
- Je pense que tu as raison.
- …
- …
- J’en veux une pour Noël !
- Si tu as été sage, Papa Noël devrait t’exaucer…
- Par contre j’en veux une qu’on n’a pas besoin de rebrancher tout le temps hein ! Non parce que c’est pénible je trouve !
- D’accord…
- Et qui permette d’avoir un goût « menthe » sinon je serai tentée de re-fumer mes « kool » !
- Y a au moins 50 goûts bizarres, ça devrait être faisable…
- Et je ne veux pas tomber en panne ! Non, parce que si c’est pour faire tremper un morceau de l’engin dans du Gin au bout de trois jours…
C’est bon.
Elle est partie.
Ça aura mis le temps mais finalement, ça c’est fait plus facilement que je ne l’aurai pensé.
Bon elle n’a pas encore complètement accepté de zapper les tueuses mais on a quand même drôlement bien progressé. Elle a beau maintenant me saouler comme elle le fait si bien quand elle s’enthousiasme pour un nouveau truc, j’ai vraiment la banane en acquiesçant docilement à toutes ses exigences.
Je ne sais pas ce que vous en pensez mais pour ma part, je me dis que si ma Moitié et moi sommes parvenus à décrocher pour de bon à Noël, plus besoin de faire une liste au Vieux Barbu : ce sera déjà un foutu beau cadeau !
Épisode 4 : Ouikène provincial – chez Maman
- Ah les enfants, enfin ! Vous avez fait bon voyage ?
Non, non, je n’ai pas encore picolé au point d’oublier le début ou la suite de cette ébauche de dialogue…
Parmi les nombreuses mauvaises habitudes que peut avoir ma mère, il y a celle-ci : poser des questions sans attendre la réponse vu qu’en fait, elle s’en fiche comme de son dernier bain de siège. C’est une sorte de réflexe. Un peu comme tous ces gens qui vous disent le matin «Bonjour, ça va ?» mais qui se sauveraient en courant pour le cas ou vous répondriez «Nan ça va pas du tout !!!». J’aimerai croire que c’est un truc de vioque mais je dois me rendre à l’évidence : maman a toujours fait ça, c’est donc juste un truc chiant !
Tandis que mes fils sortent de la voiture pour cavaler embrasser Mamie suivis de près par ma Moitié qui traîne déjà des panards avec une conviction qui force le respect, je me fade le vidage de coffre. J’essaie de faire rapide vu que Montargis n’est pas l’Espagne et qu’à 21 heures, nous sommes un poil à la bourre pour l’apéro chez les copains si on se réfère aux critères des quadras du Loiret.
Maman - qui va garder les mioches pour la soirée - n’a rien préparé de particulier pour dîner. C’est d’ailleurs de plus en plus souvent le cas et les garçons sont enchantés de sa proposition «sandwich avec ce que chacun veut dedans». Nous prenons gentiment congés quand l’approximative créatrice culinaire m’arrête sur le pas de la porte et me demande sur un ton de confidence :
- Tu tiens toujours le choc ?
- Pour ne pas étrangler les garçons ?
- Pour la cigarette, andouille…
Le sujet est devenu une cause familiale depuis que Cathy a expliqué à ma mère et à ma grande sœur que «Dou² avait encore arrêté de fumer !» et que les deux autres se sont empressées de la plaindre rapport à mon «caractère de cochon au naturel qui n’a pas dû s’arranger». Comme quoi si elles sont capables de s’écharper allègrement et sans problème aucun pour des vétilles, les femmes de la famille sont tout aussi capables d’assurer l’Union Sacrée contre le seul survivant mâle adulte de la tribu que je suis.
J’explique donc rapidement à maman que je n’ai pas re-fumé mais que je suis passé à la E-cigarette. Elle me regarde comme une poule qui aurait trouvé un dentier quand je sors ma e-clope de ma poche et l’exhibe fièrement, la rempoche et plante là ma génitrice pour le moins surprise après lui avoir cloqué un gros bisou. J’arrive au bout du chemin quand j’entends mon ainé Quentin proposer d’expliquer à sa grand-mère de quoi il s’agit. En montant dans la voiture, je me dis que même ma mère n’avait pas totalement mérité cette épreuve mais bon, mieux vaut elle que moi.
J’ai à peine mis le contact que ma Chérie me souffle avec la bouche en biais:
- Je n’en reviens pas : y avait le chauffage dans la chambre!
- Comme quoi ma mère n’est pas aussi méchante que tu veux bien le croire…
- Je pense plutôt que c’est dans la continuité du dîner complètement improvisé : elle a dû oublier ! Si tu veux que je te dise, ta mère commence à dévisser du chignon…
C’est très possible mais vu que je n’envisage pas qu’on me le dise ce soir, je ne relève pas. Comme Cathy n’est pas assez stupide pour insister et prendre le risque que je lui parle de SES parents à coté desquels ma mère fait figure de modèle absolu, elle change de sujet :
- T’as bien rechargé ta clope pour épater les copains ?
- Je me fous d’épater les copains.
- Oui je sais mais est ce que tu l’as rechargé quand même ?
- Oui.
- Cool, ça fera un sujet rigolo !
C’est vrai que ça peut être utile, un sujet rigolo.
J’adore mes potes mais certaines fois, les soirées sont pète-noix selon mes critères vu que je suis resté très infantile – je l’avoue… - et n’aime finalement pas me prendre la tronche sur ce qu'ils appellent de «vrais sujets» avec des copains que je ne vois que trop rarement.
Au moins je me dis qu’avec la E-clope, on ne s’étripera pas comme la dernière fois sur «la Chasse» (pas trop mon truc…).
Tandis que je me gare devant chez les copains, je n’imagine pas encore à quel point j’ai tort…
Épisode 5 : Ouikène provincial – dîner entre copains
Il fait un froid de gueux ce soir là. Pour les rares fumeurs survivants parmi la quinzaine de convives présentes - dont certains ont profité de notre retard pour s’attaquer copieusement au Champ’ - ça signifie d’aller se peler les meules dehors vu qu’on ne fume plus chez nos hôtes.
Du coup quand je sors ma E-clope à l’apéro et me mets à lui téter l’embout en sirotant ma coupette en silence, la Maîtresse de maison me saute dessus comme la vérole sur le Bas-Clergé:
- Hé Dou², dois-je te rappeler qu’on ne fume pas à l’intérieur !?
Déjà que sur le couple, c’est monsieur qui est mon vieux pote historique et qu’elle n’a jamais franchement goûté la mauvaise influence que j’ai sur son époux à ses yeux, autant vous dire qu’elle ne va pas rater cette occasion de me coller au mur. Comme trop souvent, la réaction de la Casse-boules sus-citée entraîne l’obligatoire réaction du seule mec de l’assemblé que je peine à supporter. Nous appellerons le Copain qui sait toujours tout sur tout :
- C’est une cigarette virtuelle.
- Une cigarette électronique, je précise.
- C’est pareil, s’enfonce t-il, suffisant comme à son habitude.
Réglée comme du papier à musique, Caroline, la Femme du copain qui sait tout sur tout et qui ne sait pas grand-chose sur pleins de truc mais est souvent délirante et s’extasie sur tout, y va de son commentaire personnel :
- Hihi, c’est trooop fort, y a de la fumée !
- De la fumée virtuelle… me crois-je obligé d’ajouter en lui clignant de l’œil ce qui la fait encore plus rire.
Ma chérie me jette alors un regard en biais indiquant «Ok, son mec est une c*nnard intégral et ça n’est un mystère pour personne que tu ne peux pas le saquer mais tu n’es pas chez toi alors si tu envisages de planter la soirée dés l’apéro, sache que cette option se traduira en retour te concernant par l’hôtel des culs tournés pendant deux semaines, c’est clair ?». Ça l’est. Concerné par ma libido, je réfrène mes ardeurs et passe en mode « explication » en démontant l’engin et en décrivant par le menu l’atomiseur, la batterie, tout ça, tout ça.
Comme je me surprends moi-même à répondre avec précision à l’ensemble des interrogations, je remercie mentalement Libellule70 et son Guide du Vapoteur ainsi que l’ensemble des actifs du Forum pour leurs réponses et commentaires si appréciables.
Globalement, les copains sont intéressés et ils se passent l’engin en main comme s’il eut s’agit d’un truc hyper fragile. Je les désinhibe en les encourageant à essayer. Il reste peu de vrais fumeurs dans l’assemblée mais la majorité se laisse tenter et ça se met rapidement à vapoter joyeusement en poussant des gloussements amusés. Les copines demandent à Cathy si elle va s’y mettre ; elle répond qu’elle veut déjà voir si je tiendrai le coup avec. Un de mes vieux potes qui a lâché la Tueuse depuis des années se rencarde sur l’aspect financier. Lorsque je parle de la pléthore de goûts différents, ce sont surtout les filles – Caroline la moitié du pénible qui sait tout en tête – qui y vont de leurs commentaires ravis.
La E-clope est devenu LE sujet du moment. Jusqu’à ce que le copain qui sait tout sur tout – et qui était resté en retrait à bouder – me balance suavement :
- Ouais enfin bon, quitte à faire les choses correctement, autant arrêter je trouve !
- Bah non, j’aime bien fumer moi.
- Ouais mais c’est pas fumer là.
- Parce que tu sais ce que c’est de fumer, toi ? Je croyais que fumer c’était pour les faibles et les imbéciles ?
- Non bien entendu je ne SAIS PAS. Encore une chance ! Mais j’imagine !
- Ben t’imagine mal : je conserve ma gestuelle et mon petit rituel perso. Disons que c’est fumer sans emmerder les autres et sans me prendre du goudron et tout un tas d’autres saletés dans le coffre.
- Tu prends OBLIGATOIREMENT des saletés aussi là, mon pauvre vieux.
- Oui je prends de la nicotine, c’est vrai. Et je t’accorde qu’on a vu plus sain que de cramer de la glycérine alcoolisée mais j’estime le risque moindre.
S’en suit un débat assez surréaliste avec un des copains qui ne demandait rien à personne bombardé «spécialiste santé» – il a fait une année de médecine avant de se faire jarter comme une ruinasse – tout le monde ou presque y allant de son exemple tragique concernant tous ceux qui ont pu calancher d’un cancer. Mine de rien, il doit y avoir de quoi peupler une petite ville !
Vu que je reste gentiment silencieux à vapoter, Cathy me gratifie d’un regard reconnaissant. La discussion bifurque alors sur le rôle des politiques dans la gestion de la cigarette et les progrès de l’État à lutter contre le Cancer – le Copain qui sait tout se réappropriant le devant de la scène en tant «que haut fonctionnaire élu». J’en profite lâchement pour discuter de la série «Braquo»avec deux copains branchés comme moi sur les sujets sans importance. On se marre car justement, les personnages clopent comme des sapeurs dedans !
Nous terminons l’apéro et une fois installés pour becter, le copain qui sait tout – et qui est pourtant à l’autre bout de la table, la maîtresse de maison étant une casse-noix mais pas une suicidaire… - croit bon de me relancer :
- Ça reste quand même très confidentiel, ton gadget là, Dou².
- Bah oui.
- C’est parce que c’est vraiment dangereux si tu veux mon avis !
- Tu sais où je me le carre ton avis ?
- Dou²… me souffle Cathy.
- Non laisse, Cathy, reprend le Pénible. Tout le monde ici connait le peu d’intérêt que Dou² porte aux questions de société et principalement à la politique mais il n’empêche que si cette fameuse E-cigarette était aussi bénéfique que ça, l’État aurait déjà statué positivement dessus.
J’ouvre la bouche pour lui dire à quel point l’ État et les «hauts fonctionnaires» dans son genre me bassinent mais l’image de la baignoire solitaire qui m’attend si je laisse libre court à mon cynisme pathologique ce soir me freine dans mon élan. Mes autres potes attendent que – fidèle à ma mauvaise réputation - j’extermine verbalement le pédant mais je me contente d’acquiescer de la tête et de lancer en souriant un très laconique :
- Tu as parfaitement raison.
Du coup, il reste connement le bec ouvert et je passe ensuite une soirée plutôt sympa. A deux reprises, il tente de me relancer sur d’autres sujets foireux mais je lui ressers mon «parfaitement raison» sans même attendre la fin de sa phrase. Au moment du dessert, ma E-clope redevient un sujet central quand la copine du Pénible qui sait tout – passablement pétée et hilare pour un rien - me demande de lui prêter à nouveau mon «super gadget à fumer» et que son chérie agacé grogne :
- Ça suffit maintenant Caroline ! Non contente de t’aviner lamentablement, tu ne vas pas EN PLUS téter ce bout de plastique ridicule ?
- Oh ça va bien à la fin, répond la comique, l’œil hagard, avant de brailler en pointant un doigt accusateur : C’est t’jours pas pire que d’téter ton bout ridicule même pas en plastique qui fait pas d’fumée alors hein…
Ma voisine d’en face, pourtant toujours bien élevée et policée, explose de rire et je reçois en pleine tronche le contenu du verre d’eau qu’elle ingurgitait. Entre la figure décomposée du copain qui sait tout, la tête contrite de mon arroseuse qui se confond en excuse sans parvenir à s’arrêter de rire et Caro la néo-Vapoteuse survoltée qui ne veut plus me rendre ma E-cig, l’ambiance est maintenant au délire et même la Maitresse de maison retire pour un temps le balai qu’elle a dans le fondement.
Selon mes critères parfaitement discutables, la fin de la soirée est ensuite parfaite et ma seule problématique se résume à parvenir à récupérer la clope quand nous plions enfin les gaules. Une fois dans la voiture, Cathy me regarde par en dessous avec un sourire taquin :
- Bonne soirée ?
- Super soirée.
- Merci de t’être bien tenu.
- C’est l’effet E-cig, ma chérie : un Vapoteur se doit d’être cool !
- Oui et bien vu les réactions de Caro, je me demande ce que le Vapoteur colle dans sa clope…
- Des trucs dangereux ! Sinon l’État aurait déjà statué positivement dessus, c’est connu !
- Gnagnagna… Vapoteur ok, cool admettons, mais vilain revanchard c’est sûr !!!
Prochain épisode : le Concert à Bercy
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